samedi 12 mars 2011

le navet

Le navet est une plante potagère herbacée,
De la famille crucifère des brassicacées,
Son nom au XVIème siècle ,
Voulait dire que dalle ou des nèfles,
Plus tard, à Rome  , la statue d'apollon,
Blanche à la forme allongée et lisse,
recevait les moqueries des jeunes artistes,
Le" navet épluché"  tel est son surnom.
Ce terme étendu aux tableaux sans valeur,
Désignait un film, délaissé par le spectateur, 
Pas près d'être vu aux Césars !

Notre légume, lui, vise la salade César,
C'est elle qui lui tourne la tête,
Auprès de cette romaine sur l'assiette,
Il voudrait un jour, être à la fête!

Le regard triste,
Il tire sa révérence,
Sur quelque pas de danse,
Salut l'artiste.
Il jette l'éponge tant le mal le ronge, 
Plus d'envie de lutter,
Dans sa tête épuisé, 
Pour tourner la page,
Il manque de courage ,
aujourd'hui il en a marre,
A quand son départ?

Lui de se maudire, 
Envie de tout quitter,
Changer sa destinée,
Par ailleurs rebondir.
Ne plus jouer la comédie, 
Apparaître au grand jour,
Sur la scène de la vie,
Etre auprès d'elle toujours,
Le rideau est tombé,
Dans la nuit malheureux,
Il s'abîme les yeux ,
A pleurer sa bien aimée, 
Au fond de lui , il songe ,
Combien la vie le désarme,
Puis ramasse l'éponge, 
pour essuyer une larme.

mardi 1 mars 2011

A la table du cadet

La table c'est un simple plateau
De noyer posé sur des tréteaux,
A six heures il y fait déjà nuit,
On y mange à la lueur des bougies.

La vieille servante fait office de cuisinère,
Et décroche le chaudron de la crémaillère
Pour remplir les écuelles de garbure,
Dans lesquelles trempe le pain dur .

C'est dans cette ambiance ,
Que Charles passe l'enfance ,
Nous sommes à Castelmore , la gentilhommière,
Demeure familiale de son arrière grand-père.

En Gascogne, sévit alors la misère,
A la suite de cent ans de guerre,
En mille six cent trente et un, la famine,
fit plus de quarante mille victimes .
Le voyageur relate le peu de culture maraîchère ,
On n'y voit que terre de bruyère et fougère,
Trop imposables,
Trop misérables,
L'existence des hobereaux ,
Ne diffère de celle des paysans .
Les créanciers avec empressement,
Souvent saisissent les chevaux .

De plus le droit coutumier en usage,
interdit au cadet d'espérer
recueillir le moindre héritage,
c'est l'ainé qui va tout ramasser,
Faire l'armée? l'église? quel choix ?
Comme beaucoup de fils de bourgeois ,
Le cadet préfère  la vie militaire,
Plus en phase avec son caractère.

A cheval sur une vieille bestiole,
Dans la poche , quelques pistoles,
pour un  lieutenant gascon , un message ,
De son oncle qui l'encourage

Cette missive que d'Artagnan porte ,
Des mousquetaires lui ouvrira la porte .
Au XVII ème , le lien entre gascons ,
perdure plus que béton !

dimanche 27 février 2011

A la table de noces

Nous sommes à la Saint Cochon,
On va faire les saucissons,
Grattons, boudins et autres rillons, 
Comme le veut la tradition.

Plus à l'est de la région, 
Les jeunes filles célibataires,
Envoient sans commentaire,
A l'élu de leur coeur, le pied,
enrubanné sur son lit de laurier,
Mieux vaut ne pas être évincé,
C'est la queue tire-bouchonnée,
entourée de cornichons,
qu'on reçoit du cochon.

 Après viendra le temps des noces,
Vingt plats à manger, atroce!
Famille, amis et relations,
Sont réunis pour l'occasion.
Soupe, velle gavée de poules farcies,
Tourtière pleine d'abattis,
Dinde, daube de boeuf, tête de veau,
Canards remplis et fricandaux.

Après cela, pluis êrtsonne ne mangeait,
Tout le monde était rouge et bavardait,
Les femmes portèrent trois dindons,
Pour faire glisser on aligne les canons,
Puis vint les tourtes et friponneries gaufrées,
Fruits et oreilles de curé ,
longue tarte sèche ,
Qu'on casse sur l'assiette.

La fête bat son plein.
Arrive l'heure du tourin,
Ainsi perdure la tradition,
De la soupe aux oignons.
Cornemuse en tête(chabrette)
On tire la sonnette,
De toutes les maisons amies,
Pour y chercher les mariés surpris (?)

On leur donne une assiette de tourin, 
Noire de poivre et d'épices ,
Sous les regards amusés des complices.
Puis on offre au mari un verre de vin,
Il en boit la moitié, pour le donner à la mariée.
L'on recommence à nouveau, 
Pour finir la bouteille de Bordeaux 

Après le contre-novi (garçon d'honneur)
entonne un air populaire,
Tout le monde reprend en choeur,
Cette chanson pour célibataire,
Puis casse le verre dans lequel les mariés ont bu,
Pour compter les morceaux de verre fendu,
Et leur prédire ainsi le nombre d'enfants ,
8,9,10 que d'encouragements!
Allez !  de se mettre à l'ouvrage !
Pour ne pas faire mentir le présage.
On hésite à se quitter, à prendre congé,
Pas trés disposé à aller se coucher.


Bona Nuech, ton cuol dins l'aiga
Lo neu dins lo liech
Bonne nuit , ton cul dans l'eau
Le mien dans le lit ,
Comme on dit au pays


Coquinarius 

A table avec la comtesse

Louis XV approche la soixantaine,
La fillette, à peine la vingtaine,
Vendeuse dans une boutique de Paris,
Jeanne devient comtesse du Barry.


Le Roi tombe rapidement amoureux,
Couvrant cette beauté de bijoux somptueux,
Lui offrant à Louveciennes, un pavillon,
Officialisant ainsi cette liaison.
A la cour , la courtisane provoque jalousie, 
Autour d'elle ,ce n'est qu'attaque et mépris, 
On la traite du surnom de catin,
Jeanne  ne s'aventure sur ce  terrain.


Elle lui préfère le monde artistique, 
Cuisinière, ses recettes gastronomiques,
Sa garniture de choux fleur, fait sa réputation ,  
Ce crucifère passe ainsi à la tradition ,
Célèbre, aussi, l'apprêt d'oeufs de vanneau,
Volatile connu pour son sang chaud, 
Une des recettes aphrodisiaques,
Qu'elle donne à son amant monarque.


Le matin Jeanne apparaît dans sa nudité,
Le trouble que crée chez  Louis, cette beauté ,  
Fait qu'il en renverse sa tasse , malhabile.
" Hé La France ton café fout le camp "
Nous étions après la guerre de sept ans ,
A la perte des colonies, et antilles.


Coquinarius

repas de moujetada


Citation de Prosper Montagné 1865-1948  (gastronome et cuisinier)
Le cassoulet c'est le Dieu   de la cuisine occitane , Dieu le Père , c'est le cassoulet de Castelnaudary, Dieu le Fils c'est celui de Carcassonne et le Saint esprit , celui de Toulouse.



La guerre aura-t-elle lieu?
Se demandent les curieux,
On en parle dans les chaumières
Près du feu , entre ménagères.
"Sans aucun parti pris,
Le vrai, l'authentique,
Le seul l'unique, 
Vient de Castelnaudary"
Une de se morfondre:
"Il ne faut pas confondre,
Avec celui de Carcassonne, 
Non cela déconne!"
"Simple gigot de haricots
Il n'y a pas photo!"

Les voici parties en croisade,
Contre cette galejade,
Pour reprendre le nom de cassoulet,
Au sein même de la cité.

De partout, ils arrivaient,
Femmes, enfants, et même bébés 
Dans leurs poussettes chenillées, 
Que les grand-mères, avec agilité,
Jetaient en avant comme un bélier.
(Quand je parle de cette bête 
Je veux citer les poussettes 
Et non pas les mémés 
Vous l'aviez deviné)

Loin des flonflons,
Loin de la fête,
Sur ses hauteurs, 
On défend le bastion,
Carcassonne tient tête
A tout envahisseur.

Les hommes toujours téméraires,
Restaient plutôt à l'arrière,
Poussant les femmes au derrière,
Leur évitant de tomber à l'envers.

On entend les bruits du canon,
Jusqu'à Limoux, dans la campagne,
Ainsi sautaient les bouchons,
De Crémant, pas de champagne !

Malgré son courage, 
La cité ne tient pas longtemps,
Et sombrait sous la rage,
De l'assaut des attaquants.

Mais retentit le tocsin,
Sonnant l'heure du festin ,
Tout le monde entra en communion,
Pour faire la fête sous  les lampions,
De la guerre sonnait le glas,
Tout le monde à la moujetada! 


Coquinarius 







A la table du Bon Dieu

Nous sommes à la tue-cochon , 
Dans un village gascon,
A l'époque de la Saint Sylvestre, 
En pleines vacances champêtres.

On tire de la bête,  dix boudins circulaires,
Le plus grand , le Bon Dieu, n'est pas ordinaire,
On ne le mange qu'à certains repas, 
Sa majesté ne sort qu'à Noël ou Mardi Gras.

Parfois il est offert à Monsieur le Curé , en dévotion,
Pour le remercier d'avoir donné à un malade, 
Avec son infusion, son extrême onction.
Endimanché, le lendemain, c'est pas banal,
Le revenant , lui même, guéri de son indigestion, 
Vient déposer un panier tapissé de chou,
Le Bon Dieu bien caché dessous.

Sur le feu, le boudin se  fend, 
Libérant la chair de son flanc,
De suaves effluves, 
Un peu de chair brune, 
Dans le secret de la confession, 
Monsieur le Curé, entre en communion,
En goûtant au Bon Dieu
Puis refermant  les yeux.
" Dieu existe , n'en déplaise à l'instituteur
Je peux l'assurer la main sur le coeur."

A cet instant  une grosse voix s'élève :
"Le Confiteor tu  n'oublieras  pas de le réciter, 
Pour expier ta gourmandise et sa gravité "
Confus comme un mauvais élève, 
Pris les dix  doigts dans le boudin , 
Non sans les avoir léchés, un par un, 
Monsieur le Curé se frappe alors  la poitrine 
"Gloria Tibi Domine, Gloria Tibi Domine"


samedi 26 février 2011

boudin aux épices

Verser le sang avec une spatule . 
dans une poêle, faire fondre le saindoux, faire suer les oignons pendant 8 à 10 minutes sans coloration.
Ajouter les dés de panne de lard , le sel, le poivre, la marjolaine, les quatre-épices,le persil.
Tenir au tiède . Peler les piments , les hacher avec les noisettes et les pistaches.
Mélanger à l'appareil précédent.
Dans un cul-de-poule, mettre la crème, le sang,les oeufs.Ajouter les garnitures ci-dessus.
Mélanger.Vérifier l'assaisonnement.
Dans une grande marmite , faire bouillir 10 litres d'eau.
Ficeler une extrémité de chaque boyau. 
Entonner les boyaux avec l'appareil en les remuant bien à chaque fois .
Laisser un petit espace non rempli pour éviter qu'ils éclatent à la cuisson. Ficeler les autres extrémités
Plonger les boudins dans l'eau bouillante.Quand ils remontent à la surface , les piquer avec une aiguille pour vérifier la cuisson ( il ne sort plus de sang).
Avec une écumoire, sortir les boudins, les poser à refroidir sur une grille. Couper des rondelles de 1 cm d'épaisseur, les faire colorer de chaque côté dans une poêle non adhésive.
Chauffer la purée fréneuse, la dresser dans un légumier, garnir avec des rondelles de boudin.

Recette inspirée de Christian Parat de la Galoupe à Urt 
extraite de la Cuisine des monastères .Editions de La Martinière