dimanche 27 février 2011

A la table du Bon Dieu

Nous sommes à la tue-cochon , 
Dans un village gascon,
A l'époque de la Saint Sylvestre, 
En pleines vacances champêtres.

On tire de la bête,  dix boudins circulaires,
Le plus grand , le Bon Dieu, n'est pas ordinaire,
On ne le mange qu'à certains repas, 
Sa majesté ne sort qu'à Noël ou Mardi Gras.

Parfois il est offert à Monsieur le Curé , en dévotion,
Pour le remercier d'avoir donné à un malade, 
Avec son infusion, son extrême onction.
Endimanché, le lendemain, c'est pas banal,
Le revenant , lui même, guéri de son indigestion, 
Vient déposer un panier tapissé de chou,
Le Bon Dieu bien caché dessous.

Sur le feu, le boudin se  fend, 
Libérant la chair de son flanc,
De suaves effluves, 
Un peu de chair brune, 
Dans le secret de la confession, 
Monsieur le Curé, entre en communion,
En goûtant au Bon Dieu
Puis refermant  les yeux.
" Dieu existe , n'en déplaise à l'instituteur
Je peux l'assurer la main sur le coeur."

A cet instant  une grosse voix s'élève :
"Le Confiteor tu  n'oublieras  pas de le réciter, 
Pour expier ta gourmandise et sa gravité "
Confus comme un mauvais élève, 
Pris les dix  doigts dans le boudin , 
Non sans les avoir léchés, un par un, 
Monsieur le Curé se frappe alors  la poitrine 
"Gloria Tibi Domine, Gloria Tibi Domine"


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